Vu : America : entre rêves et réalités, une exposition présentée au MNBAQ jusqu’au 5 septembre 2022.
Loin des raccourcis, les États-Unis abritent des voix radicales particulièrement étouffantes et désespérantes, mais aussi les critiques parmi les plus grinçantes et les plus imaginatives. Et c’est cette créativité qui réchappe tout qui se dégage de la centaine d’œuvres tirées de la collection Hirshhorn.


Jusque dans la dernière salle où nous attend le montage vidéo d’Arthur Jafa (1960- ) intitulé : « Love is the Message, The Message is Death » (2016), avec comme trame sonore une version ralentie et aux basses particulièrement graves d’Ultralight Beam de Kanye West (1977- ). De nombreuses images sont connues, plusieurs hyper violentes, d’autres hyper émouvantes. L’effet parfaitement orchestré ici s’avère totalement bouleversant, nous ramenant brutalement du rêve à la réalité.


Si le MNBAQ souhaitait nous convaincre de la puissance de l’art, c’est réussi. Cependant, on s’extirpe à peine (peut-être) de la pandémie, et les fusillades se succèdent à en perdre le compte chez nos voisins du Sud. Aussi, partout, un nombre grandissant de personnes sont plus ou moins présentes là où elles se trouvent parce qu’elles sont en même temps ailleurs (dans leur téléphone), empêchant toute écoute, tout dialogue, toute complicité.


Dans ce contexte et sans jouer à l’autruche, la finale aurait pu, au lieu de couper les jambes, offrir une brèche dans l’abime ou, à tout le moins, un mince filet de la lumière de l’art.
