Avant, on se racontait que nous étions du côté des « bons ». Le Canada ne s’enfargeait pas dans les fleurs du tapis des salons européens. Il n’avait pas de passé colonial. Il avait aidé à libérer la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, rue par rue, mais ne faisait plus la guerre à personne. Il envoyait plutôt des Casques bleus. Il était tranquille comme ses vastes paysages et généreux comme ses abondantes ressources naturelles. We were « friendly Canadians ».
Nous sommes encore un peu tout cela, mais nous nous sommes aussi installés dans tous ces lieux extraordinaires où vivaient les autochtones, et nous avons tenté de les éliminer (les paysages et les autochtones). La boucherie des tranchées de 1914-1918 et du débarquement mal préparé à Dieppe nous auraient mis au monde comme nation, mais ce sacrifice ressemble surtout à un gaspillage innommable. Avec la loi d’exclusion des Chinois (1923-1947), l’internement des Canadiens d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale ou le profilage racial qui perdure, nous avons dressé et continuons de dresser mille et une barrières entre nous. Et nous nous arrogeons depuis déjà belle lurette le titre de pays le plus énergivore de la planète. We are very clumsy Canadians.
L’époque est aux équipes de gros bras. Deux passes avant un tir au but : jamais vu. Tir du poignet dans le coin supérieur du filet : jamais fait. La finesse du franc-tireur (comprendre un lancer-frappé de la ligne bleu qui file entre tous les coudes pris en étau devant l’enclave puis entre les jambières du cerbère) : franc quoi ? Non, la seule méthode valable est d’envoyer l’adversaire admirer ce qu’il y a de l’autre côté de la baie vitrée, d’emballer le gardien dans son filet et, pour un tour du chapeau, de déchausser ses propres coéquipiers de leurs patins.
Bon, on ne peut malheureusement pas rejouer les périodes précédentes. Et il n’est pas facile de « revenir dans le match » quand on perd par deux buts et que la troisième période s’éclipse au tableau indicateur. But still, if we really played as a team, we could assuredly be much better Canadians.