English version below:
Vu : Johannesburg (mettant en valeur le travail des artistes David Goldblatt, Nicholas Hlobo, Zanele Muholi et Robin Rhode) et Borderlands (mettant en valeur le travail des artistes Tanya Aguiñiga, Rafael Lozano-Hemmer, Richard Misrach et Postcommodity), 3e épisode, dans les deux cas, des 9e et 10e saisons de la série « art21 » diffusée à l’antenne de PBS en 2018 et en 2020.
Il y a les frontières intentionnelles, celles érigées méthodiquement, avec acharnement, comme cette barrière le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.


Puis il y a celles un peu plus immatérielles, mais non moins brutales, comme pendant l’Apartheid en Afrique du Sud.


Il y a aussi les frontières qui en imposent. Et celles que l’on s’impose à soi-même.


Il y a les frontières que l’on enjambe d’un bond. Et celles qu’il semble plus prudent de ne pas franchir.


Puis il y a les frontières les plus fines, celles dont on s’approche sur la pointe des pieds, que l’on frôle du bout des doigts, lentement, délicatement.


Ces jours-ci, pour rendre plus tolérables les frontières imposées par la pandémie, je me plais à imaginer, au sein de la firme pour laquelle je travaille, que c’est moi qui tiens boutique à Istanbul. Et que ma collègue qui apparaît à l’écran se trouve à Mumbai… même si, en réalité, elle n’habite qu’à trois rues de chez moi.

Mon grand-père m’a appris que l’on se dit souvent plus de choses sur le pas de la porte avant de partir que pendant toute la rencontre précédant le départ. C’est pourquoi il s’agit de ma frontière préférée.

English version:
Borders
Seen: Johannesburg (featuring the work of artists David Goldblatt, Nicholas Hlobo, Zanele Muholi, and Robin Rhode) and Borderlands (featuring the work of artists Tanya Aguiñiga, Rafael Lozano-Hemmer, Richard Misrach, and Postcommodity), the third episode, in both cases, of the ninth and tenth seasons of the PBS series « art21 » which aired in 2018 and 2020.
Some borders are intentional. They are the ones that are methodically, relentlessly erected, such as this fence along the US-Mexico border.


Then there are those that are a little more intangible, but no less brutal, as during Apartheid in South Africa.


There are also borders that impose themselves. And those that we impose on ourselves.


There are borders that you just leap over. And those that it may be wiser not to cross.


Then there are the most delicate borders, those that you approach tiptoeing, that you brush against with your fingertips, slowly, with utmost care.


These days, to put up with the boundaries imposed by the pandemic, I like to imagine that, within the firm I work for, I am the one running the shop in Istanbul. And that my colleague who appears on the screen is in Mumbai… even though she actually lives only three blocks away from my place.

My grandfather taught me that you often tell more to each other on the doorstep before leaving than you do during the whole meeting before you leave. That’s why it’s my favourite border.
