Lu : Blanche Lemco van Ginkel, FRAIC is awarded the 2020 RAIC Gold Medal par Annmarie Adams et Tanya Southcott publié dans le Canadian Architect d’avril 2020; vu : la conférence For Her Record: Notes on the Work of Blanche Lemco van Ginkel présentée le 12 novembre 2020 par la Daniels Faculty of Architecture, Landscape and Design (University of Toronto), la Peter Guo-hua School of Architecture (McGill University) et Building Equality in Architecture Canada (BEAT); et lu : trois articles au sujet de la vie et de l’oeuvre de Lucia Schulz (Moholy) par Marie Jo Bang (2017), Ann Binlot (2019) et Aisha Sar Sar Alonso (2019).
Il est bien connu que dans l’ombre du fauteuil LC2 et de la chaise longue B306, deux icônes du design étroitement associées à Le Corbusier, se cache Charlotte Perriand (1903-1999).

Il est moins connu cependant que derrière plusieurs éléments (dont la cheminée et les mosaïques) du célébrissime toit-terrasse de l’unité d’habitation de Marseille se trouve Blanche Lemco van Ginkel (1923- ). Rien de moins.

Et que derrière les photogrammes du peintre et théoricien de la photographie Lászlo Moholy-Nagy (1895-1946), il y a sa compagne Lucia Schulz (1894-1989)… photographe et intellectuelle engagée. L’ayant suivi à Dessau, c’est elle aussi qui, gratuitement et à l’invitation de Walter Gropius, prendra des centaines de clichés du Bauhaus, de la vie entre ses murs et des réalisations façonnées dans ses ateliers. Des photos tellement réussies que Gropius emportera avec lui à Harvard en 1937 les précieuses plaques de verre et qu’il s’en servira l’année suivante, sans en identifier l’auteure, pour présenter au MoMA une exposition au sujet de l’illustre école dont il est le fondateur. Schulz ne récupérera une partie de ses plaques, endommagées de surcroit, que vingt ans plus tard et au terme d’une longue bataille juridique.
Alors que ces « grands » hommes connaissaient déjà une notoriété légendaire, on aurait pu s’attendre à plus de magnanimité, de respect, mais non. Pourtant, quels firmaments encore plus étoilés auraient-ils atteints s’ils avaient pleinement reconnu la contribution exceptionnelle de toutes ces créatrices à part entière ?
