Partout

Lu : Operation Firstfruits: Journalism or Espionage? par Barton Gellman publié dans The Atlantic en juin 2020; vu : Snowden réalisé par Oliver Stone en 2016; commencé à lire : The World as It Is: A Memoir of the Obama White House par Ben Rhodes publié chez Random House en 2018.

Après qu’Edward Snowden lui eut confié une foule de documents, Gellman raconte comment l’étau des services de renseignement américains et étrangers s’est resserré autour de lui et les moyens qu’il a dû déployer pour assurer, au mieux, la confidentialité de ses communications.

Photo : Utopia, 7 juin 2016, Lindsay Mills, source.

Cette préoccupation est vite devenue une obsession, au point où, un soir, sa compagne lui a dit : « “You’re moving further and further into a world that I’m not a part of, and that I don’t understand and I don’t want to be a part of,” »

Photo : Ceiling, 25 septembre 2015, Lindsay Mills, source.

Puis Gellman découvre dans ces mêmes documents que, en tant que journaliste, il était déjà surveillé. Comme dans le cas de Snowden (d’après le film de Stone), c’est précisément cette surveillance tous azimuts qui l’incite à dénoncer la situation.

Photo : Rise Up, 29 janvier 2020, Lindsay Mills, source.

Bien qu’ébranlé, Gellman reste lucide et résume bien le dilemme fondamental entre transparence en démocratie et secret pour des raisons de sécurité nationale : « If we do not know what our government is doing, we cannot hold it accountable. If we do know, our enemies know too. That can be dangerous. » Snowden, pour sa part, semble particulièrement étonné que le plus grand nombre de communications interceptées se fasse aux États-Unis. Pourtant, notre « ennemi » le plus redoutable n’est-il pas le plus souvent intérieur ?

Photo : Rise Up, 24 juillet 2018, Lindsay Mills, source.

Quant à Rhodes, il offre des coups d’œil éclairants « à l’intérieur » de l’administration Obama, mettant en relief les nombreux acteurs et discussions ayant mené à plusieurs décisions difficiles. Ainsi, au moment d’autoriser l’intervention des forces spéciales en vue de capturer Ben Laden, Rhodes indique : « I could tell that he [Obama] had turned the intelligence over and over in his mind (« this is a fifty-fifty call »), that he understood the risks with Pakistan. […] He [Obama] asked me to prepare four scenarios: (1) bin Laden is at the compound and it’s a success; (2) bin Laden is at the compound and it’s messy – people killed, Pakistani security services, instability; (3) bin Laden’s not there but we get in and out clearly; (4) bin Laden’s not there and it’s a mess. » (pp. 128 et 129)

Malgré les outils hors du commun à la disposition de la plus grande puissance militaire au monde, les « chuchotements » captés au-delà des sommets enneigés du Pakistan ne pouvaient garantir complètement la réussite de la mission.

Photo : Bold, 2 février 2016, Lindsay Mills, source.

Heureusement, peu sont traqués comme Ben Laden l’a été ou comme l’est encore Snowden. Nous laissons cependant des cailloux blancs partout, facilitant la possibilité de nous retrouver et compliquant, parfois, celle de… prendre de véritables vacances !

Photo : Decompose, 28 décembre 2015, Lindsay Mills, source.