Lu : Rejoignez-nous par Greta Thunberg publié en français chez Kero / Calmann-Lévy en 2019; La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui ce que sera demain par Laure Waridel publié chez Écosociété en 2019; et entendu : le reportage de Brian Labby diffusé le 14 décembre 2019 à la fin de l’émission The House sur les ondes de CBC.
Entre le : « Tout doit changer et cela doit démarrer aujourd’hui » de Thunberg (elle nous demande d’agir « comme si notre maison était en feu ») et le : « […] we need Trans Mountain, and we need Keystone XL, and we need Energy East, and we need all sorts of other pipelines, and we need a referendum […] to abolish equalization, and we need it as soon as possible […] » entendu lors du « fair deal panel » mené ces jours-ci par le gouvernement albertain, le grichement du mégaphone devient vite assourdissant.

Malgré un tir nourri contre l’exploitation pétrolière (ce qu’elle partage avec Thunberg), Waridel recense calmement et systématiquement les efforts qui ont été faits (et ceux qui n’ont pas été faits) pour freiner l’impact des changements climatiques. Surtout, elle met en valeur les pistes de solution déjà disponibles qui, si elles étaient adoptées par un plus grand nombre, feraient la différence.

Le chapitre intitulé : « Habiter le territoire intelligemment » offre une synthèse étoffée. Pas de surprise par contre quant aux solutions privilégiées dans le domaine du bâtiment (choisir ses matériaux, repenser nos toitures, miser sur l’efficacité énergétique et la conservation de l’eau, moderniser la réglementation). Peu de nuances non plus quant au fait que toutes les solutions ne peuvent pas nécessairement être mises en oeuvre partout et toutes en même temps.

Et pas un mot sur le délicat sujet de la piètre qualité de la majorité de nos constructions ou des programmes de rénovation menés souvent dans la hâte et sans discernement. À eux seuls, ces deux enjeux sont pourtant à l’origine d’un formidable gaspillage de ressources. Ici même dans le quartier et pas seulement dans l’empire du Milieu.

Aussi, malgré plusieurs pages essentielles invitant à « Se déplacer autrement » et un rappel à l’ordre on ne peut plus pertinent lancé aux municipalités, une réflexion approfondie au sujet de la façon dont on occupe le territoire reste à élaborer. Cela témoigne de la difficulté de saisir cette plus vaste échelle et d’en encadrer la complexité, Toutefois, tant que la ville sera trop chère et, en apparence, trop exiguë pour plusieurs, et que tout le monde rêvera d’un chalet, notre empreinte ne pourra que s’accroître encore et encore.

Bref, devant l’urgence d’éteindre le feu et de concilier des préoccupations souvent si éloignées, comment être plus exigeant sans devenir intransigeant ?
