Vu : l’exposition Antoine Désilets : icône vivante de la photographie présentée au Musée national de la photographie à Drummondville jusqu’au 29 septembre 2019.
Photographe au quotidien La Presse de la fin des années 1950 aux années 1980, auteur de plus d’une douzaine d’ouvrages sur la photographie (ensemble vendus à plus de 700 000 exemplaires), Antoine Désilets (1927- ) est considéré comme le père de la photo de presse au Québec (il est chevalier de l’Ordre national du Québec depuis 1990). La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) décerne d’ailleurs chaque année des prix portant son nom.

Étonnamment, aucune rétrospective digne de ce nom ne lui a encore été accordée et c’est ce que le Musée national de la photographie tente de faire cet été, avec le fils (Luc) du photographe en renfort comme commissaire. L’exposition présente ainsi sur ses murs une sélection de cent images de même que deux cents autres photos projetées sur un écran.
Malheureusement, la première partie des photographies retenues a été imprimée sur des toiles et sur des panneaux en acrylique, magnifiant un grain déjà important, et le plus souvent avec peu ou pas de contexte (alors que celui-ci existe, à l’instar de l’article Bourgault vu par Antoine Désilets paru dans L’actualité en 2007). Difficile donc d’apprécier pleinement les images, toutes leurs qualités, leur valeur de témoignage (si on ne reconnaît pas tous les visages ou que certains événements sont moins frais dans notre mémoire) ou même un humour caractéristique de l’époque.

Dommage, car Désilets mérite sa réputation.

À moins que ce ne soit le lieu ? Ouvert en 2006 dans le vaste sous-sol de l’église Saint-Frédéric, le Musée populaire de la photographie de Drummondville est devenu le Musée national de la photographie en 2018. Fort d’une nouvelle adresse, l’institution loge cependant dans un bâtiment qui a connu de meilleurs jours. Cela illustre peut-être le sous-financement de la culture en général, et celui de la culture en région en particulier ? Dommage, car les intentions sont nobles (mon coup de coeur va aux trois adolescents qui farfouillaient dans la riche bibliothèque du Club de photo Drummond au sous-sol) et le musée abrite une collection de 22 000 appareils qui gagnerait elle aussi à être mise en contexte.
Souhaitons que la brochure très généreuse remise à l’entrée (bon nombre des photos de l’exposition s’y trouvent) prenne éventuellement la forme d’une monographie qui comporterait toutes les références nécessaires (davantage de coupures de presse par exemple), et que le musée parvienne à consolider l’écrin qu’il souhaite devenir.
