Vu : l’exposition Miró à Majorque. Un esprit libre présentée au MNBAQ jusqu’au 8 septembre 2019, et lu : le numéro 50 du magazine B (Brand Documentary Magazine) consacré à Séoul (deuxième édition).
Joan Miró (1893-1983) survit non seulement au typhus, à deux guerres mondiales et au franquisme, il connaît également rapidement la célébrité dans les années 1920 au contact de l’élite surréaliste parisienne. De là, il crée une oeuvre qui grandira pendant soixante ans. Devant un tel géant, les textes qui accompagnent l’exposition de ses toiles prennent parfois des accents épiques :
« […] le peintre vide son esprit, se prépare par le biais d’un long processus de réflexion, plonge au plus profond de lui-même et parvient à condenser tout son univers créatif dans un seul élan. »

« Les oeuvres réalisées à Majorque montrent une forte propension pour les formes simples et les contrastes exacerbés, un rejet de tout système de composition préétabli et une liberté absolue de moyens. Miró crée souvent des peintures d’une rare violence, que l’artiste lui-même qualifie de « sauvages », et plusieurs d’entre elles ont une dimension tragique. »

Le modernisme ressemble alors à un gaz qui remplit encore aujourd’hui tout l’espace créatif. Cette attitude suprême, qui valorise par-dessus tout le rejet des conventions (de tout ?) et la réinvention perpétuelle, étouffe paradoxalement souvent toute velléité de voir, de penser et de faire autrement.

Pendant ce temps de l’autre côté de la terre, les mégalopoles asiatiques galopent. Dans certaines, la métamorphose se fait au prix de destructions d’une « rare violence », comme à Beijing. Dans d’autres, elle se produit avec autant d’énergie (le premier numéro du magazine B consacré à Séoul ne date que d’octobre 2016), mais aussi, comme l’écrit Eunsung Park (éditeur en chef de la même publication), en embrassant davantage « things « just as they are », without judgment or bias » (p. 9). Un point de vue secondé par Bryan Harris (ancien correspondant du Financial Times) :
« Seoul plays host to an eclectic sensory landscape. It is a city of hints and glimpses, an aesthetic collage set against a backdrop of unceasing urban development. The joys of Seoul may not always be immediately obvious. But the subtleties are everywhere, if one cares to look for them. » (p. 76)




Merci à Mathilde d’être aussi attentive au « Seoul Groove » d’un Nafla (écouter Wu ou Mercy) et aux propriétaires de la splendide boutique Out and About d’accueillir dans un petit présentoir digne des meilleures librairies berlinoises (doyoureadme?!) des magazines ouvrant sur le monde.