Agir

English version below:

Vu au MNBAQ : l’exposition Fugitifs! conçue par l’historien/artiste hip-hop Webster et présentée jusqu’au 10 mai 2019; et l’exposition Si petits entre les étoiles, si grands contre le ciel présentée dans le cadre de la neuvième édition de Manif d’art – La biennale de Québec jusqu’au 22 avril 2019.

Intégrée à la galerie de portraits des notables, à l’entrée de la salle Devenir de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au QuébecFugitifs! combine des avis de recherche publiés dans deux journaux québécois à la fin du 18e siècle et les portraits de ces esclaves en fuite, tel qu’imaginés aujourd’hui par des bédéistes d’ici. Chapeau à Webster pour cette idée originale et pour rappeler ce chapitre moins reluisant de notre histoire.

Peut-être suffit-il de se réjouir de la présence de ce sujet sous les projecteurs ? On avance et c’est là l’essentiel. En même temps, le texte de l’exposition décrit ces fugitifs comme des « résistants », une interprétation toute contemporaine et politique des événements, alors que ces personnes tentaient probablement juste de sauver leur peau. En même temps, Webster fut au coeur de la controverse entourant le spectacle SLÀV de Robert Lepage et l’ensemble pourrait donner l’impression que le musée surfe sur les étincelles et qu’il ouvre plus facilement ses portes à ceux qui crient plus fort que les autres.

Photo : Black girl, Los Angeles, vers 1930, Walker Evans, source.

Dans un tout autre registre, l’artiste autochtone Meryl McMaster (1988- ), dont quelques photographies font partie de Si petits entre les étoiles, si grands contre le ciel, fabrique costumes et maquillages, les enfile puis se tire le portrait directement dans la magie du dehors. Elle explore ainsi son triple héritage (Cri des plaines, membre de la nation Siksika, par son père, puis britannique et néerlandais par sa mère) et y déroule son propre fil conducteur.

Photo : Dream Catcher, série Wanderings, 2015, Meryl McMaster, source.
Photo : Avian Wanderer I, série Wanderings, 2015, Meryl McMaster, source.
Photo : Edge of a Moment, 2017, Meryl McMaster, source.

Ici, pas de victime ni de militant, mais des images à la fois infiniment puissantes et subtiles, une poésie à la fois étonnamment calme et incroyablement vive, comme McMaster elle-même. Comme quoi lorsqu’il est impératif d’agir, la manière peut faire toute la différence.

English version:

Action

Visited at the MNBAQ: Fugitif! an exhibition envisioned by historian/hip-hop artist Webster, and presented until May 10, 2019; as well as Si petits entre les étoiles, si grands contre le ciel, an exhibition part of the ninth edition of Manif d’art – La biennale de Québec until April 22, 2019.

Displayed inside the dignitaries’ portrait gallery upon entering the Devenir room (part of the exhibit 350 ans de pratiques artistiques au Québec), Fugitifs! combines wanted notices published in two Quebec newspapers at the end of the 18th century with portraits of these slaves on the run, as depicted today by local graphic novel artists. Hats off to Webster for this unique idea, and for reminding us about this darker chapter in our history.

Perhaps putting this subject into the spotlight is good enough to be glad? We are moving forward, and that is the main thing. At the same time, the text of the exhibition describes these fugitives as « rebels », a very contemporary and political interpretation of events, when these people were probably just trying to save their lives. At the same time, Webster was at the heart of the controversy surrounding Robert Lepage’s SLÀV show. The whole thing could therefore give the impression that the museum is surfing the storm, and that its doors are more readily opened to those who shout louder than others.

Photo : Black girl, Los Angeles, circa 1930, Walker Evans, source.

On a completely different note, Aboriginal artist Meryl McMaster (1988-), whose photographs are part of Si petits entre les étoiles, si grands contre le ciel, creates costumes and face paintings, puts them on, and then shoots self-portrait directly into the magic of nature. She is thus exploring her triple heritage (Plains Cree, a member of the Siksika Nation, through her father, then British and Dutch through her mother), and unfolding her own narrative thread.

Photo: Dream Catcher, Wanderings series, 2015, Meryl McMaster, source.
Photo: Avian Wanderer I, Wanderings series, 2015, Meryl McMaster, source.
Photo: Edge of a Moment, 2017, Meryl McMaster, source.

There are no victims or activists here, but images that are both infinitely powerful and subtle, a poetry that is both surprisingly calm and incredibly lively, like McMaster herself. This shows that when there is a pressing need for action, the approach can make all the difference.