Lu : Black Ice : David Blackwood Prints of Newfoundland, sous la direction de Katharine Lochnan, publié par Douglas & McIntyre et l’Art Gallery of Ontario en 2011 (catalogue de l’exposition du même nom présentée (et vue) la même année à l’AGO).
Cet ouvrage raconte bien sûr le parcours fulgurant de David Blackwood (1941- ), dont l’achat d’une oeuvre est recommandé au Musée des beaux-arts du Canada dès 1964 par le conservateur des dessins et estampes du MOMA à New York. Toutefois, au moyen de plusieurs textes très bien ficelés, il décrit surtout le contexte ayant formé le regard de Blackwood et ce qui est devenu son sujet de prédilection, soit la vie des pêcheurs de morue et des chasseurs de phoques dans le paysage rugueux de la côte nord-est de Terre-Neuve, du début du 19e siècle jusqu’à la fermeture et au déménagement de villages entiers à la suite de l’entrée de la colonie dans la confédération en 1949.

On y retrouve le granite sur lequel rien ne pousse, la dépendance envers les marchands pour le prix du poisson et envers le troc pour se procurer tout, de la farine au gréement de pêche (comme en Gaspésie). Il y aussi toute la fierté de s’embarquer sur un Schooner pour les bancs du Labrador et d’y travailler dur, mais aussi toute la crainte, en cas de naufrage, d’errer jusqu’à y rester. Puis, il y a le quotidien tissé serré, sous l’oeil sévère de l’Église Méthodiste et des voisins qui entrent sans cogner, sauf lors de ces visites masquées, à la fois inquiétantes et festives, des « mummers » dans le temps de Noël (qui font penser à celles de la Mi-Carême à l’Isle-aux Grues ou à l’Isle-aux-Coudres).



On n’y retrouve cependant pas comment les autochtones composaient, eux, avec les rigueurs de ce même territoire ni comment la pêche est rapidement devenue surpêche. Comme le résume néanmoins on ne peut mieux l’écrivain et poète Michael Crummey : « At the heart of David Blackwood’s art is a sense of awe, in all meanings of the word. The sheer scope and eerie beauty of the landscape he depicts inspire both wonder and dread in equal measure. The cumulative effect of his work is to make the history of settlement on this island – and all human endeavour beside it – seem impossibly fragile and fugitive. And heartbreakingly tenacious and honourable » (p. 120).
