Vu : l’exposition Havel, une rétrospective du travail des photographes Tomki Němec (1963-) et Bohdan Holomíček (1943-) accompagnée des documentaires de Petr Jančárek (1959-), présentée au DOX Centre for Contemporary Art à Prague, jusqu’au 13 février 2017.
Au fil des centaines d’images regroupées à l’occasion de ce qui aurait été le 80e anniversaire de Václav Havel (1936-2011), on s’attache à ce personnage plus grand que nature. Des mouvements de contestation des années 1970 et 1980, qui lui ont valu quelques séjours en prison, aux grands bouleversements de 1989 et 1990, on suit l’espoir puis enfin l’euphorie des possibles, alors que s’achève le long régime de terreur (1948-1989) qu’a connu la Tchécoslovaquie.


L’année 1990 est particulièrement riche alors que s’enchaîne à un rythme effréné les rencontres avec une multitude de chefs d’État, le pape, les Rolling Stones, mais aussi avec les gens au bord de la route ou dans leurs cuisines. C’est la révolution et les photographes sont servis.


Bien qu’Havel ait parfois l’allure d’un chef de clan kosovar tout droit sorti d’un film d’Emir Kusturica, les photos ne montrent rien ou si peu des moments qui ont nécessairement été plus raboteux. Comment Havel a-t-il pu arriver à la présidence et s’y maintenir sans que son entourage s’entredéchire dans les luttes de pouvoir ? Comment a-t-il pu convaincre les Russes de retirer leurs troupes encore stationnées dans le pays ? Comment a-t-il pu amener anciens bourreaux et apparatchiks d’un côté et concitoyens épris de liberté de l’autre, à vivre ensemble dans la même ville, dans les mêmes rues, sans représailles ? Quel nouvel équilibre a-t-il su trouver avec ses amis et, surtout, avec sa compagne et complice de toujours, Olga Havlová ?

Pour cela, il faudra creuser ailleurs, mais, alors que l’heure est à la fête, peut-être vaut-il mieux rester sur cet élan, ces moments lumineux et se souhaiter que des politicien(ne)s aussi inspirant(e)s arrivent à se faire une place pour nous rassembler plutôt que nous diviser.
