Art mineur

Lu : Henri Hébert, 1884-1950. Un sculpteur moderne, par Janet M. Brooke et publié par le Musée du Québec en 2000.

Comme l’indique l’auteure en introduction : « Malgré sa production importante, malgré ses essais critiques, ses conférences et ses nombreuses entrevues, malgré les postes de professeurs qu’il occupa à l’École d’architecture de l’Université McGill et au Monument-National, et malgré tout ce qu’il fit pour promouvoir une esthétique avant-gardiste dans l’art québécois, l’idée que Hébert fut un sculpteur mineur persiste encore aujourd’hui » (p. 17). Pourtant, Henri Hébert n’est pas que le fils d’un illustre sculpteur (Louis-Philippe) et le frère d’un peintre tout aussi talentueux (Adrien).

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Sculpture (partie) : La halte dans la forêt, 1889 (en façade du parlement à Québec), Louis-Philippe Hébert (photo par L. Godbout).
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Toile : Le port de Montréal, 1924, Adrien Hébert, source.

Il est aussi, en raison de sa parfaite maîtrise de l’esthétique classique, de son désir d’explorer de nouvelles avenues et de sa grande ouverture, au cœur des débats entourant la modernité artistique qui ont cours dans les années 1920, tant à Montréal qu’ailleurs au Canada.

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Relief : La comédie, 1926, Henri Hébert, p. 150.
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Relief : Éternelle chanson : la femme, 1925, Henri Hébert, p. 88.

Délaissant « l’iconographie chrétienne au profit des thèmes néo-grecs » (p. 44) et du style Art déco, ce qui n’est pas sans rappeler le travail d’Antoine Bourdelle, Hébert innove dans le domaine des monuments funéraires ainsi que par ses collaborations avec plusieurs architectes. Parmi eux, James Cecil McDougall (édifice McDougall et Cowans à Montréal en 1930), Lucien Kéroack (bâtiment de l’administration du Jardin botanique de Montréal vers 1939) et Ernest Cormier (église Sainte-Marguerite-Marie à Montréal en 1924 et portes monumentales en bronze à l’entrée de la Cour suprême du Canada, à Ottawa, en 1940), qui restera un ami toute sa vie et dont la compagne, Clorinthe Perron, sera son modèle préféré.

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Photo (recadrée) : La Ville d’Outremont pleurant ses morts sous l’ombre du drapeau, 1924, Henri Hébert, p. 15.
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Photo (recadrée) : Têtes de jeunes filles, reliefs de la façade de l’école Saint-Julienne-Falconieri (devenue l’école Saint-Philippe-Benizi, 1925, Henri Hébert, sculpteur, Ernest Cormier, architecte / photographie de Patrick Altman, printemps 2000, p. 65.

Alors que certaines images ne rendent pas pleinement justice aux œuvres, certains monuments auraient gagné à faire également partie de la mission photographique confiée à Patrick Altman dans le cadre de la préparation de ce catalogue, tout comme les dessus de cheminées, Le Vent et La Folie, réalisés dans deux maisons de Westmount en 1922 et 1927. Ceci étant dit, difficile de ne pas s’enthousiasmer devant tant de talent, ici même autour de nous, sans parler de rêver au dessus de cheminée pour le foyer que l’on n’a pas !

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Relief : Bacchante allongée, 1925 (faisait partie du décor du « Tap Room » de l’Arts Club de Montréal), Henri Hébert, p. 93.