Lu : Willy Ronis : Instants dérobés par Jean-Claude Gautrand publié chez Taschen en 2005.

Né à Paris, Willy Ronis (1910-2009) apprend le métier dans le studio de son père et assiste celui-ci jusqu’à sa mort en 1936. Il s’en suivra une longue carrière de photoreportage documentaire d’abord dans un Paris en profonde mutation urbaine et sociale puis, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, portée par la prolifération des journaux, des hebdomadaires et des agences de presse.

En 1953, Ronis participe à l’exposition « Four French Photographers » présentée au MOMA  à New York, dont les autres têtes d’affiche sont Brassaï, Doineau et Izis. L’organisateur, Edward Steichen, décrit alors leur travail comme mettant l’accent : « on the human aspect of things, moments and places portrayed. Here is tender simplicity, sly humour, warm earthiness, the ‘everydaynsess’ of the familiar and the convincing aliveness found only in the best of the world’s folk arts » (p. 14).

De nombreuses photos montrent donc le quotidien, l’ordinaire, l’anodin. En même temps, probablement influencé par la forme caractéristique du reportage, qui oblige à synthétiser souvent une foule de nuances en quelques images, voire dans une seule image, Ronis excelle dans la création d’atmosphères puissantes, qui vont au-delà du cliché saisi sur le vif. Comme l’écrit Gautrand, il s’agit d’une « collection de petits miracles que seuls une attention et un regard disponibles en permanence lui ont permis de ramener dans les mailles de son filet [et] qui ne doivent rien au seul hasard, car celui-ci ne s’offre en vérité qu’à celui […] qui est prêt à le recevoir » (p. 17).