Lu : une entrevue avec l’actrice Caroline Dhavernas publiée dans le numéro d’avril 2016 de la revue Pure. Écouté : « Light the Sky », cinquième et plus récent album de Radio Radio (février 2016).
Le titre claironne « Une fille bien de chez nous » (p. 51). Cela comporte assurément une part de fierté, fierté qu’une fille d’ici ait bâti « une carrière florissante à Hollywood ». En même temps, cela sent le syndrome bien québécois de la haie de cèdres, qui consiste à faire rentrer dans le rang tout ce qui dépasse et, par extension, tous ceux qui sont différents, qui excellent ou qui partent ailleurs pour faire leur métier et poursuivre leur passion.


Idem lorsque le groupe acadien Radio Radio décide, le temps d’un album, de rapper en anglais plutôt qu’en chiac. Les gardiens de la langue s’empressent alors de déchirer leurs chemises, dénonçant ce geste comme une trahison envers le français, un signe de soumission et d’assimilation. Pourtant, le chiac et le français sont deux langues fortes et bien distinctes. Aussi la première n’est pas subordonnée à la seconde, tout comme les Acadiens ne sont pas la propriété du Québec.

Si Céline a fait salle comble pendant des années en chantant en anglais à Las Vegas, pourquoi Radio Radio ne pourrait pas continuer de s’amuser et d’endiabler les pistes de danse en scandant ses rimes dans la langue de Shakespeare ? Pourquoi se limiter lorsqu’il est possible de devenir polyglotte et d’accéder ainsi directement à d’autres cultures ? Et pourquoi ne pas traverser la rue, le continent ou l’océan pour, entre autres, voir de quoi nous avons l’air vu d’ailleurs ?