N’importe qui ayant déjà traversé une « cité » en France ou ailleurs sait que la situation est intenable. Un milieu de vie désolé et désolant, un chômage massif, le racisme et l’exclusion, bref peu ou pas d’espoir, ça pèse lourd à la longue.
Cela vaut aussi pour Molenbeek-Saint-Jean, Ramallah ou Montréal-Nord, et ce n’est pas en déroulant des tapis de bombes que les esprits échauffés s’apaiseront.

Pendant que le Liban abrite déjà un million et demi de réfugiés syriens (qui représentent ainsi maintenant 25% de la population) et que l’Allemagne en a par moments accueilli près de 15 000 par jour au cours des derniers mois, nous ergotons ici, dans l’un des pays les plus riches et les plus vastes du monde, sur la possibilité d’en recevoir 25 000 avant noël.

Pourtant, le Canada a accueilli dans le passé d’innombrables réfugiés polonais, italiens, juifs, ukrainiens, palestiniens, hongrois, vietnamiens, iraniens, chiliens et bosniaques, entre autres. Peut-être pas toujours avec grâce, mais avec une certaine ouverture qui a longtemps fait du pays une terre d’accueil reconnue.

Comme ces musulmans qui se sentent obligés de s’excuser au nom de tous leurs coreligionnaires (bien expliqué par Naheed Nenshi dans cette entrevue à la CBC), c’est à mon tour de m’excuser au nom de mes compatriotes, pour tous ces amalgames xénophobes et va-t’en-guerre teintés d’ignorance et de mauvaise foi entendus ces derniers jours, dans lesquels je ne me reconnais absolument pas.
Refuge, emploi et respect à tous ceux qui en ont grand besoin, efforts diplomatiques redoublés pour le règlement de ces grands conflits qui pourrissent depuis trop longtemps, et paix à toutes les victimes, d’Istanbul à Beyrouth, de Paris à Raqqa.