Lu : Karsh, 50 ans de photographie par Yousuf Karsh, publié aux Éditions France-Amérique en 1983.
Né en Arménie en 1908 et débarqué au Canada en 1924, Karsh apprend la photographie auprès de son oncle qui l’accueille à Halifax puis de John H. Garo à Boston. En 1931, il s’installe à Ottawa, intègre rapidement le cercle des politiciens et des artistes et devient leur portraitiste, un peu à la manière de Man Ray. Karsh rejoint d’ailleurs ce dernier tant dans certaines compositions que dans la mise en scène de son propre personnage. Il pose ainsi lui-même, regard rivé à l’horizon, « face aux majestueux bâtiments du Parlement canadien » (page de garde) ou, encore, avec son manteau de fourrure alors qu’il avance à pied vers la Maison Blanche pour tirer le portrait du président Reagan (p. 19). Et bien avant les selfies, Karsh s’assure d’être immortalisé en compagnie de ses sujets. Comme si pour photographier des personnalités plus grandes que nature, il fallait soi-même être tout un personnage.
Un peu perdues parmi l’avalanche de ces portraits très soignés, l’ouvrage comprend également quelques images saisissantes, comme ce paysage bucolique de l’Île-du-Prince-Édouard ou ce portrait de l’artiste Solange Gauthier (première femme du photographe, décédée prématurément en 1960). Celles-ci portent à croire que l’œuvre de Karsh est en fait bien plus vaste et qu’elle mériterait fort probablement à elle seule une présentation digne de ce nom.
