Vu : le film « Free The Nipple » de la réalisatrice américaine Lina Esco, sorti en décembre 2014, et le documentaire « I am Femen » du réalisateur suisse Alain Margot, sorti en mai 2014.
Né à New York, Free The Nipple revendique l’égalité entre les hommes et les femmes (partant du principe que si les premiers peuvent se promener torse nu en public, les secondes devaient pouvoir en faire autant), une censure plus nuancée au cinéma (cesser de cacher la nudité et les gens faisant l’amour, alors qu’aucune limite ne semble encadrer la violence), ainsi que le droit des femmes d’allaiter en public (illégal dans plusieurs États américains).

Né en Ukraine, Femen réclame la fin des régimes totalitaires (dans la zone d’influence post-soviétique en particulier, mais également partout ailleurs), de la prostitution (en criminalisant les clients, les organisateurs de ce commerce et les trafiquants de femmes) de même que la séparation définitive entre l’Église et l’État (pour éviter que des principes religieux ne deviennent des lois civiles).
Créés par des filles dans la vingtaine, ces deux mouvements/groupes protestent seins nus, se servant de leurs corps comme le font les publicitaires. Par contre, alors que les militantes de Femen s’invitent dans les grandes messes économiques (G7, Davos) et sportives (F1, Euro, Jeux olympiques), les petites sorties à Manhattan des militantes de Free The Nipple, protégées par leurs avocats, semblent bien légères… même si la cause s’avère tout aussi légitime.
Les deux longs métrages offrent en tout cas une fenêtre à la fois amusante et troublante sur ce qui pousse les gens à militer (histoire personnelle, contexte social, événements), sur le fonctionnement de ces groupes, sur les moyens à privilégier pour sensibiliser ses concitoyens (malgré l’apathie et l’indifférence galopantes), sur les limites des gestes d’éclat (tabassées par les services secrets, plusieurs fondatrices de Femen ont dû s’exiler en France), et sur la suite à donner aux protestations (politique, éducation).
Au-delà des images spectaculaires relayées par les médias, I am Femen trace par ailleurs un portrait fort touchant de l’une des fondatrices, l’artiste Oksana Chatchko, et montre bien toute la créativité déployée dans la mise en scène des manifestations du groupe (choix des lieux, des symboles, des costumes et des accessoires).
