Lu : Les plus grands photographes de LIFE par les éditeurs de LIFE, publié aux Éditions de La Martinière en 2009.
Comme son cousin le journalisme, le photojournalisme se dit en quête de vérité. Toutefois, pour l’un comme pour l’autre, l’objectif semble surtout de raconter une histoire qui surprenne et qui frappe fort. « Le poids des mots, le choc des photos » comme le résume la devise de Paris Match ! Et pour y arriver, les sujets les plus spectaculaires, comme les prouesses, les vedettes et la guerre, sont privilégiés.


Comme l’indique John Loengard en introduction: « Robert Capa, qui atteignit Omaha Beach avec la première vague d’assaut à l’aube du Jour J, eut ce mot désormais célèbre : « Si tes photos ne sont pas assez bonnes, c’est que tu n’es pas assez près » ». Cette volonté de coller à l’action est certainement grisante, mais elle résulte souvent dans un manque de recul face aux événements, ainsi qu’en des légendes brouillant le contexte, imaginées par des titreurs surexcités. Même des reporters surdoués ont eu besoin d’un deuxième essai pour arriver à un portrait plus juste et nuancé (voir le documentaire Korengal de Sebastian Junger, de loin plus intéressant que Restrepo).
Heureusement, au-delà des très nombreux cadavres, le recueil de LIFE offre aussi quelques belles trouvailles à mettre en relation avec des photographies prises par d’autres « grands». Il est ainsi amusant de comparer la célèbre reporter Margaret Bourke-White à l’âge de 25 et de 39 ans.


Ou encore de voir Berenice Abbott, à 83 ans, prendre une pose qui n’est pas sans rappeler celle d’Eugène Atget, à 70 ans, alors qu’elle lui tirait le portrait dans son atelier parisien.

Alors que bien des images semblent mises en scène, tellement le moment saisi parait improbable, quelques-unes confirment effectivement, comme l’affirme Loengard, que le « photographe [travaillant pour LIFE] dépensait l’essentiel de son énergie à effacer toute trace de sa présence ». Ce sont souvent les plus réussies.