Lu : Photos de femmes, Une histoire en images de la photographie féminine de Julia Cameron à Bettina Rheims, photos réunies par Lothar Schirmer et essai d’Elisabeth Bronfen, publié chez Plume 2001, et « Playing the Granny Card » par Liza Mundy, publié dans le numéro de juin de The Atlantic. Visité : le site 30 UNDER 30 Women Photographers.
Dans son essai Des femmes regardent des femmes, Bronfen tisse un lien entre les différentes photographes en ramenant essentiellement leurs préoccupations au (fondamental, mais non moins traditionnel) lien mère-enfant ainsi qu’au désir (encore et toujours) de confirmer leur identité à travers le regard de l’autre. Un tel réflexe ou constat était peut-être prévisible, car l’échantillon retenu comprend d’abord les grands classiques. De plus, comme l’indique Natalie Dybisz dans son avant-propos à 30 UNDER 30 Women Photographers : « In photography, the traditional place for women is in front of the lens. […] Photography, whether we like to admit it or not, is by and large a male-dominated arena, where the ‘looking’ is a masculine act, and the subject is feminine, playing the role of ‘looked-at’ and admired mainly for their outward appearance. Photography, then, has been a mirror for conventional gender roles in western society. »
En même temps, il est quelque peu décevant que l’analyse d’une femme au sujet de l’œuvre d’autres femmes soit aussi réductrice. Un peu comme ces théoriciens qui affirment que les femmes âgées demeurent utiles à la société surtout à titre de « built-in babysitters », pour mieux signifier aux Janet Yellen, Hillary Clinton, Angela Merkel ou Christine Lagarde, et à toutes celles qui seraient tentées de leur emboîter le pas, qu’elles devraient rentrer à la maison plutôt que de mener le monde. Ou à l’inverse, comme l’explique Mundy, que ces leaders devraient justement jouer la carte de la grand-mère de façon à « adoucir » leur image, pour paraître plus aimables et chaleureuses…
Heureusement, Dybisz, elle, aborde la question de front en se demandant : « What is it like, then, to be a female photographer, to be a woman who has seized hold of an instrument of which she traditionally remains in front, and to use her eye to view the world, rather than use it to throw back a soft, muted glance into the receiving end of a male gaze? ». Les images regroupées sous la houlette de 30 UNDER 30 offrent en tout cas un formidable éventail de regards féminins dont la photographie (et son histoire) serait bête de se priver.




