Lu : Blumenfeld, le culte de la beauté par William A. Ewing publié aux Éditions de La Martinière en 1996.
Difficile de demander à un ambulancier ayant charrié les morts par centaines lors de la Première Guerre mondiale et ayant dû quitter son Berlin bien-aimé, parce que juif en pleine paranoïa antisémite, d’être tout à fait serein. On imagine également que le milieu de la mode comporte son lot de personnages colorés à l’humeur et aux exigences imprévisibles. En même temps, si on sait qu’une grande peine d’amour, par exemple, peut être un puissant moteur de création, un artiste doit-il nécessairement être torturé, cynique et despotique pour produire des chefs-d’œuvre ? On souhaiterait que non, mais le fait que Blumenfeld ait été à prendre avec des pincettes est sans doute ce qui lui a permis de s’imposer chez Vogue et Harper’s Bazaar dans les années 1940 et 1950.

Pourtant, les images qu’il a produites au cours cette période transitoire passée aux Pays-Bas avant d’immigrer aux États-Unis apparaissent moins figées et simplement magiques. Dommage que Blumenfeld n’ait pu s’empêcher de détester ces moments précieux.