Vu : La dernière usine parisienne à selfies qu’est la Fondation Louis Vuitton conçue par Frank Gehry.
Contrairement à Toronto où le starchitecte devait insérer une nouvelle Art Gallery of Ontario (AGO) dans un contexte urbain et parmi des bâtiments existants, l’obligeant à doser ses élans sculpturaux, le porte-avion aux voiles de verre qu’il vient de poser au cœur du Bois de Boulogne apparaît comme un véritable feu d’artifice.

Les prouesses réalisées pour faire tenir cet enchevêtrement de toiles d’araignées ainsi que la précision des assemblages, que l’on peut admirer à partir des toits-terrasses, sont à couper le souffle. Par contre, il devient vite évident que l’édifice écrase complètement son contenu, avec son dédale de salles finalement peu nombreuses et malheureusement plutôt fades. Voilà qui soulève, une fois de plus, la question de cet éternel bras de fer entre art et architecture.

Est-ce qu’un musée devrait se limiter au rôle de simple faire-valoir des œuvres qu’il contient ou, au contraire, devenir une œuvre d’art à part entière qui en abrite des plus petites ? Idéalement, on imagine qu’un heureux mariage des deux devrait être possible. Pourquoi en effet le musée ne pourrait-il pas offrir un écrin doté d’une personnalité certaine, mais qui sache en même temps gentiment tendre son parapluie, tenir la porte ou prêter son bras à la jolie demoiselle qui l’honore de sa présence ?
Ici, sur l’avenue Mahatma Gandhi, on a plutôt l’impression d’assister à une démonstration de dragsters ou de muscle cars : du chrome rutilant, une pétarade assourdissante, beaucoup de fumée et une odeur de caoutchouc brûlé, mais aussi un sentiment d’inutilité, de gaspillage indécent, de plaisir vide.
Trop, c’est comme pas assez.