English version below:
Lu : la monographie Édouard Boubat publiée aux Éditions de La Martinière en 2004.
Je suis toujours ambivalent devant ces images des grands maîtres de la photographie française des années 1940 et 1950, celles qui montrent des enfants insouciants ou au travail dans les rues de Paris et d’ailleurs, des amoureux qui s’embrassent ou encore ces gens de cirque, pauvres et usés, mais vivants. Non pas par manque de romantisme, mais parce que ces images semblent souvent fabriquées précisément pour nous faire flancher.
Je me méfie aussi lorsque de beaux grands volumes, comme celui-ci qui porte sur Édouard Boubat, sont parsemés de témoignages rédigés par d’autres personnages légendaires. Puis vient ce petit texte de Prévert intitulé Éternité instantanée (juin 1971) et qui s’achève ainsi : « Boubat, lui, dans les villes les plus proches, comme dans les terres les plus lointaines ou les grands déserts de l’ennui, cherche et trouve des oasis. C’est un correspondant de paix. »
Tout à coup, ce recueil d’images, dont plusieurs sont moins connues, force à y regarder de plus près, à refaire attentivement le tour de l’œuvre.
Devant une telle application, une maîtrise aussi parfaite des gris et des cadrages s’emboîtant les uns dans les autres, devant une profondeur de champ aussi totale, difficile de ne pas, cette fois, flancher.
English version:
Master
Read : the Édouard Boubat monograph published by the “Éditions de La Martinière” in 2004.
I am always ambivalent when looking at these images made by the great masters of French photography of the 1940s and 1950s, the ones that show kids either roaming around with a carefree attitude or working in the streets of Paris or elsewhere, lovers kissing, or circus people, poor and exhausted, but alive. Not due to a lack of romanticism, but because these images often appear precisely crafted to make us falter.
I am also wary when large, elegant books, such as this one on Édouard Boubat, are peppered with testimonies written by other legendary characters. And then comes this short text by Prévert entitled Éternité instantanée (or Instant Eternity, June 1971), which ends as follows: “Boubat, him, in the nearest cities, as in the most faraway lands or in the large deserts of boredom, looks for and finds an oasis. He is a peace correspondent”.
All of sudden, this collection of photographs, among which several are lesser known, compel to look closer, to tour again his work carefully.
In front of such meticulousness, such a perfect mastery of greys and of framings that interlock into one another, in front of such an absolute depth of field, it is difficult, this time, not to falter.