Lu : la critique « Wonder Woman’s Kinky Feminist Roots, The odd life and psyche of the man who invented her » de Katha Pollitt (The Atlantic, novembre 2014) à propos du livre « The Secret History of Wonder Women » de Jill Lepore.
Les biographies ont souvent le don de révéler des détails inusités. Ainsi, en plus d’avoir créé la célèbre superhéroïne, il s’avère que William Moulton Marston est également l’inventeur du polygraphe. Moins anodin et plus dérangeant est l’écart entre le caractère précurseur de cet esprit créatif et sa vie personnelle. Côté fiction, Marston intègre la propagande de guerre à son récit (contexte oblige), mais prête en même temps à son personnage une initiative rarement laissée aux femmes au début des années 1940. Côté réalité et après plusieurs entreprises peu fructueuses, il se fait vivre par sa femme et lui impose un ménage à trois avec son amante et leurs quatre enfants (ce qui n’empêchera pas les deux intellectuelles de continuer à partager leur vie pendant 43 ans à la suite du décès de Marston en 1947).


Vu il y a quelques mois : le documentaire « WONDER WOMAN: The Untold Story of American Superheroines » de la réalisatrice Kristy Guevara-Flanagan, sorti en 2012.
Malgré les métaphores un peu littérales de femmes enchaînées, qui évoquent à la fois certains fantasmes sexuels de soumission et un appel à se libérer de l’esclavage imposé par les hommes, il est par ailleurs fascinant de constater que Wonder Woman a inspiré, par son indépendance, son énergie et son franc-parler, de très nombreuses femmes au point de devenir dans les années 1970 un des symboles du mouvement féministe.


Même si les femmes ne possèdent pas tous les pouvoirs surnaturels de Wonder Woman, on peut se demander quand viendra le jour où elles inspireront enfin à tous la même admiration. Et ce, sans devoir nécessairement dévoiler aussi généreusement leur corsage ou se déguiser de façon aussi aguichante. Souhaitons que cela ne prenne pas encore mille ans, comme le prédisait tristement Marston.