Lu : L’indien malcommode: Un portrait inattendu des Autochtones d’Amérique du Nord du professeur de littérature (à la retraite), essayiste et romancier Cherokee Thomas King, publié en 2014 chez Boréal (traduction de «The Inconvenient Indian: A Curious Account of Native People In North America » publié en 2012 chez Doubleday Canada).

Comme bien des histoires de colonisation où la terre « découverte » et convoitée est déjà occupée, celle des Indiens, Métis et Innus d’Amérique du Nord est d’une tristesse infinie. Il suffit de penser au génocide culturel qui s’est poursuivi jusqu’à tout récemment dans les pensionnats indiens, ici même au Québec et au Canada. Malgré cela, le ton de l’ouvrage de King n’est ni larmoyant ni vengeur, même si son auteur a toutes les raisons d’être en colère ou habité par le ressentiment.

En fait, loin des représentations romancées véhiculées par certains anthropologues et historiens blancs, même celles animées des meilleures intentions, et plus près d’une franchise comme celle que l’on retrouve, par exemple, au Musée des Abénakis à Odanak (qui présentait justement, au cours de la dernière année, l’exposition Mémoire rouge: Les pensionnats indiens au Québec), le récit de King ne respecte pas les conventions habituelles et c’est tant mieux.
Surtout, au lieu de prétendre être objectif et exhaustif, il nous raconte une histoire simplement incroyable, de son point de vue, un point de vue malheureusement beaucoup trop rarement entendu.

King ne se contente pas de rappeler, inévitablement, bon nombre des injustices subies au fil du temps, d’analyser les représentations des Indiens dans le cinéma hollywoodien (ce qu’il fait brillamment) ou de jeter un regard très lucide sur l’industrie des casinos. En revisitant d’un autre angle bien des événements connus (dont la rébellion du Nord-Ouest de 1885 et la crise d’Oka en 1990) et moins connus, mais non moins déterminants, il démonte la logique cynique des différents envahisseurs blancs.

Il en ressort bien de la souffrance, mais aussi une invitation à découvrir ces voisins « invisibles » qui forment les centaines de nations nous ayant accueillis chez elles, le plus souvent malgré elles, et qui, en dépit de tous les coups de boutoir, sont encore là et ne demandent finalement qu’une chose toute simple : le respect.
