Revue : à la suite d’une première lecture à La Balustrade du Monument-National en 2012, la pièce Déracinés de l’auteure et metteure en scène Jenny Montgomery, présentée le 2 mai dernier à l’Université Concordia.

Née dans le cadre du projet Histoires de vie Montréal / Montreal Life Stories, la pièce explore les notions d’identité et de « chez soi » par le biais d’un formidable « tissage » d’extraits d’entrevues réalisées auprès de réfugiées installées à Montréal, de Québécoises d’origine, et d’autres entre les deux.

Sur scène, des comédiennes dont les origines sont elles-mêmes très variées inversent les rôles, les couleurs et les physionomies et livrent, dans un savant chassé-croisé d’où les paradoxes et les cocasseries ne sont pas exclus, les parcours infiniment touchants des interviewées. Si l’on n’en était pas déjà convaincu, on comprend rapidement que la différence n’est pas une menace, mais bien une immense richesse, et que l’identité des gens, loin de pouvoir être réduite à quelques grands traits, possède en fait mille nuances qui teintent l’expérience et le regard.

Cela m’a rappelé la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration à Paris, abritée dans le seul édifice voué à survivre à l’Exposition coloniale de 1931 (à la fois sévère et splendide musée permanent des Colonies ou Palais de la Porte Dorée). Ce lieu d’exposition aborde de front, au-delà des bavures policières, des émeutes dans les banlieues et d’une cohabitation souvent raboteuse, comment les emprunts et les métissages peuvent devenir, au fil des dialogues et du temps, un patrimoine commun.

La pièce Déracinés sera de nouveau présentée le 30 mai, dans le cadre du Carrefour international de théâtre à Québec, à compter de 17:00 au café/bar Le Zinc (336, rue du Roi). L’entrée est libre. À voir absolument !