S’entraîner

Lu : Paris-journal par Raymond Depardon, publié chez Hazan en 2009, et : Raymond Depardon : 1962-1963, photographe militaire sous la direction de Cristina Baron et Lucie Moriceau-Chastagner, publié chez Gallimard en 2019.

Après un passage au magazine Terre-Air-Mer (TAM) pendant son service militaire, Raymond Depardon (1942- ), c’est le Tchad, l’Afghanistan et le Liban pour les agences Dalmas, Gamma et Magnum.

C’est Djibouti aussi, mais, entre deux reportages, c’est surtout Paris et une multitude d’instants volés. Il écrit : « Moi qui n’aime pas Paris, je me surprends à faire des photographies pour calmer mon impatience. Je change doucement. C’est peut-être le bonheur. » (p. 170)

Moi qui aime beaucoup Québec, je ne me surprends plus, en particulier depuis deux ans, à faire des photos pour calmer mon impatience, pour tenter de capturer ce rayon de lumière que je n’aurais pas encore aperçu. C’est assurément le bonheur, même s’il est fragilissime.

Fragile comme cette communication qui, malgré la multiplication des canaux, semble surtout accentuer le déficit d’attention galopant de tout un chacun, brouillant d’autant la production de lien(s) et de sens.

On passe la journée à pianoter frénétiquement sur nos claviers, mais, à la fin de celle-ci, il semble surtout rester beaucoup de bruit et des trajectoires qui, au mieux, s’effleurent.

Au delà du tapage et des fossés, continuer d’aiguiser son oeil et de s’entraîner à ciseler des phrases semble le meilleur moyen, lorsque le jour viendra, non pas de conquérir, mais de rejoindre d’autres rivages et, qui sait, commencer une véritable conversation.

Merci mille fois à mon oncle Michel, maître absolu parmi les maîtres du noir et blanc, pour cet ouvrage de Depardon au sujet de Paris.