Vu (en 2017) : The David Ireland House et relu : 500 Capp Street: David Ireland’s House par Constance M. Lewallen publié aux University of California Press en 2015; et lu : Covid-19 and The Welcome Collapse of “Professionalism” par Kit Krugman, publié sur le site Quartz at Work le 21 avril 2020.
En 1975, l’artiste conceptuel David Ireland (1930-2009) achète une maison construite près d’un siècle plus tôt dans le quartier The Mission à San Francisco. Pendant trente ans, il y explorera la notion de « travail à la maison », pourrait-on dire, en stabilisant ceci, en altérant cela, en retirant du papier peint ici, en ajoutant du vernis là, bref en mettant en scène mille et un détails, un processus méticuleux qu’il baptisera « activation ». Rapidement, comme notre Arthur Villeneuve (1910-1990) ou, dans une autre stratosphère, Sir John Soane (1753-1837), il fera des intérieurs de sa maison son oeuvre capitale (et la plaque tournante de toute une communauté artistique).

Comme le résume parfaitement Carlie William dans la préface de l’ouvrage de Lewallen : « When I got upstairs to the abundant light-filled rooms, my jaw dropped. I had never seen anything like it. Everything about the rooms was just so beautiful – from the glistening walls, floors and ceilings to the flaws that were enhanced by the varnish David so methodically applied. I felt like I was suspended in an amber capsule. » (p. 7) L’expérience est unique, physique, d’une simplicité désarmante en même temps que d’une richesse étourdissante.

Ici et maintenant, nous voyageons depuis quelques mois, virus oblige, immobiles et chacun dans nos capsules. Difficile de prédire, malgré le lancement de nombreux appels au changement, quels virages seront vraiment amorcés et ce qui restera fossilisé.
Entretemps, le discours ambiant tend à mettre l’accent sur les moyens de rester productifs, envers et contre tout, survie oblige. Ironiquement, les émotions demeurent, aux yeux de plusieurs, suspectes, alors que la légitimité du sensationnalisme extrême des bulletins de nouvelles, elle, ne semble pas remise en question. Pourtant, comme le souligne Krugman : « […] pretending we aren’t human simply doesn’t work in times when we are forced to confront our very human fragility ».
Elle explique : « Even in a shared experience, each person has a different emotional metabolism: the ability to process emotion, understand that emotional response, and take one step forward. Each organization has its own emotional metabolism, too. As the rate of change accelerates and yet time seems to slow down (a day feels like a week now and a month feels like a year), organizations are grappling with how to keep pace and survive while the very resources on which they depend, human beings, have less emotional bandwidth. »

Dans ce contexte, Krugman conclut que : « The strength of the relationships between co-workers- the community – will shape your agility. The strength of your leaders – their humanity – will shape your culture. The strength of your organization’s culture – your integrity – will shape your resiliency. » Voilà plein de petites choses à « activer » ou à « réactiver », dans toutes les sphères, pour que l’ambre luise toujours aussi vivement !
