Lu : America, le siècle en photos par Martin W. Sandler publié aux Éditions de La Martinière en 2001; The Trump Presidency : A Damage Report composé des articles Will American Democracy Recover? par Jack Goldsmith, Sudden Decline of a Superpower par Eliot A. Cohen et The Whitest White House par Ta-Nehisi Coates, publiés dans The Atlantic (octobre 2017); Le principe du cumshot : le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels par Lili Boisvert publié chez VLB éditeur en 2017.
En introduction, Sandler indique que : « les États-Unis ont été, tout au long de leur histoire, un pôle d’attraction pour les rêves, attirant des gens du monde entier en quête d’une vie meilleure [et que] cette transfusion d’énergies nouvelles s’est avérée essentielle dans la construction de la nation ». Il rappelle que : « plus que pour tout autre pays [cette nation] est faite d’une mosaïque de peuples, de couleurs, de religions et d’origines variées, chacun apportant sa contribution à ce creuset commun – le melting-pot » (pp. 11-12). Cette métaphore occulte évidemment en partie l’extermination des autochtones et l’esclavage des Noirs. Elle a cependant le mérite de faire preuve d’un certain optimisme, alors que ce sentiment semble désormais chaque jour plus fragile.

En plus d’être l’un des premiers à reconnaître que : « Trump will not learn, will not moderate, will not settle into normal patterns of behavior » (p. 71), Cohen prévient en effet que : « America’s astonishing resilience may rescue it once again […]. But an equally likely scenario is that Trump will leave key government institutions weakened and corrupted, America’s foreign-policy establishment sharply divided, and America’s position in the world stunted. An America lacking confidence, coupled with the rise of undemocratic powers, populist movements […] is the kind of world few Americans remember, It would be like the world of the late 1920s or early 1930s: disorderly and unstable, but with much worse to follow. » (p. 73)

À cela, Coates ajoute que : « if the broad and remarkable white support for Donald Trump can be reduced to the righteous anger of a noble class of smallville firefighters and evangelicals, mocked by Brooklyn hipsters and womanist professors into voting against their interests, then the threat of racism and whiteness […] can be dismissed. Consciences can be eased; no deeper existential reckoning is required. » En fait, en refusant d’accepter que : « the bloody heirloom remains potent even now », c’est refuser que le racisme : « remains, as it has since 1776, at the heart of this country’s political life. » (p. 78)

Quant à Lili Boisvert, elle aborde de front les clichés tenaces qui influencent encore lourdement les relations hommes-femmes et leurs rapports sexuels. Elle explique, entre autres, que le désir des filles est à ce point soumis aux fantasmes masculins, par le biais de la publicité, de la mode, de la pornographie et des conventions sociales qui perdurent malgré le passage des siècles, que plusieurs ne savent plus ce qu’elles désirent ni comment l’exprimer à leur façon.

Le portrait qui ressort de cette analyse peut parfois sembler caricatural. Pourtant, pourquoi nos comédiennes doivent-elles toutes jouer nues ou encore le rôle d’une prostituée pour être consacrées ? Pourquoi Hugh Hefner décédé devient-il soudainement un héros de la révolution sexuelle ? Pourquoi les journalistes s’attardent-ils davantage aux cheveux de l’astronaute Julie Payette qu’à son discours, le jour de son installation comme nouvelle gouverneure générale du Canada ?

Tout cela est infiniment tordu et triste, alors que tant dans l’arène politique, dans la cuisine que dans tous les endroits où il peut être inspirant de s’embrasser ou de faire l’amour, le fait d’oeuvrer en véritables complices pourrait être tellement plus épanouissant.
Que faire pour retrouver un peu d’optimisme face à ce qui se passe chez nos voisins du Sud ou face à cette relation à retisser entre les deux moitiés de l’humanité ? Commencer par garder les yeux bien ouverts et partager avec son amoureuse des gaufres au chocolat garnies de framboises, d’un peu de yogourt et de sirop d’érable semble un bon premier pas !
