Lu : Guide officiel de l’Expo 67 publié aux Éditions Maclean-Hunter Limitée en 1967, et Le manifeste de la relève, lettre d’opinion signée par Antonin Labossière, Rayside Labossière architectes; Renée Mailhot, Sébastien Parent et Yannick Laurin, La SHED architecture; Jean de Lessard, Jean de Lessard-designs créatifs; Robert Lavoie, APPAREIL architecture; Nicolas Lapierre, L’Abri; Francis Pelletier et Francis M Labrecque, L’Abri; Tom Balaban, TBA; Guillaume Pelletier, GPA, publiée dans La Presse+ le 31 mai 2017.

Dans le message d’introduction du Guide officiel de l’Expo 67, le commissaire général Pierre Dupuy annonce que : « L’exposition universelle et internationale de Montréal a pour but de donner à chacun de ses visiteurs une explication du monde dans lequel nous vivons afin qu’il puisse se rendre compte que nous sommes tous solidaires les uns des autres, que ce qui divise les hommes [sic] est beaucoup moins important que ce qui les unit » (p. 1).

Comment ne pas s’enthousiasmer pour un tel optimisme, pour « ce souffle unique d’une ville qui veut impressionner le monde et qui devient l’instant d’un moment le haut lieu de la modernité », comme l’écrivent les signataires du Manifeste pour la relève ?

Aussi, lorsque ces derniers remettent en question les contrats publics systématiquement octroyés au plus bas soumissionnaire, notre paysage qui s’uniformise par le recours aux mêmes recettes peu importe l’endroit, ces mises en valeur qui réduisent les façades à des écrans de projection, les concours d’architecture où semblent ne se classer que ceux qui ont déjà remporté de précédents concours, ou encore le simple fait de poser un problème autrement,  il est tentant de joindre les rangs.  Et de scander en chœur : « Diversifions nos approches et nos mentalités, éclatons nos principes et nos habitudes, abolissons nos règlements stériles. »

Par contre, même si « le patrimoine gagne à être réinventé » loin des « immobilistes », les bâtiments beaux, sympathiques et confortables ou même un peu loufoques que l’on a envie d’emmener avec nous ou avec lesquels on a envie de jaser vont bien au-delà de nos (traditionnelles) « églises, de nos musées et de nos maisons ouvrières ». Peut-être que c’est nous tous qui gagnerions à nous « projeter dans des zones inconfortables et déconcertantes » pour nous demander jusqu’où l’architecture de joints de scellant que l’on érige depuis maintenant quelques décennies est viable et valable, et comment nous pourrions innover ici et maintenant pour penser et bâtir autrement ce patrimoine en devenir ?