Lu : « Berenice Abbott » par Gaëlle Morel, Sarah Miller et Terri Weissman, publié en 2012 chez Hazan en collaboration avec le Jeu de Paume et le Ryerson Image Centre, et « Twenty Minutes in Manhattan » par Michael Sorkin, publié en 2013 chez North Point Press.
Après avoir été l’assistante de Man Ray, Abbott dépasse rapidement le maître et photographie l’avant-garde parisienne jusqu’au moment de rentrer à New York à la fin des années 1920. Entre 1935 et 1939, dans le cadre du Federal Art Project (FAP) qui suit la crise économique, elle documente la ville alors en pleine métamorphose, ce qui donne lieu à la publication Changing New York.
Multipliant les points de vue vertigineux, elle développe alors cet « équilibre dynamique » et formel qui met subtilement en tension la ville existante et la ville nouvelle qui, poussée par le « progrès », tente d’embrasser les nuages.

Quant à Sorkin, il réfléchit, au cours des vingt minutes de marche qui séparent son appartement de son bureau, à la ville qui l’entoure et aux luttes souvent épiques qui ont marqué l’évolution du paysage. Il peste aussi contre la négligence de son propriétaire qui refuse de réparer le toit qui coule ou celle de ses voisins qui laissent leurs poubelles pourrir dans le corridor. Comme une promenade en compagnie d’une étonnante combinaison du Schtroumpf à lunettes et du Schtroumpf grognon, le récit de Sorkin est à la fois vif et raboteux, empreint de fines observations et des contradictions d’une génération qui a eu énormément de chance et dont de l’attitude s’avère malheureusement parfois un peu suffisante. Avec la même fascination pour l’énergie exceptionnelle de la métropole américaine, il offre un contrepoint fantastique aux images méticuleusement composées d’Abbott.
