Autofiction

Lu : Raymonde April publié par Dazibao et Vu en 2012 dans leur collection Monographies.

Les grands reporters et leurs images-chocs semblent toujours avoir la cote, comme en témoigne le concours du World Press Photo, et il y a aujourd’hui plusieurs « petits » reporters, moins bruyants comme ceux du Boreal Collective, dont le travail n’en est pas moins exceptionnel. Pourtant, dans l’essai qui précède les images de Raymonde April, France Gascon met ainsi en contexte le travail réalisé par la photographe québécoise à partir des années 1990 : sa démarche se serait alors éloignée des grands sujets d’actualité, de la photographie documentaire, de l’engagement et de la dénonciation, thèmes très présents précédemment chez ses collègues en quête de reconnaissance. Son regard se serait tourné vers l’intime, mais sans tomber dans l’exhibitionnisme ni la banalité qui guettent l’autobiographie.

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Photo : « Mon regard est net comme un tournesol, 2011 : Autoportrait au rideau, 1991 », Raymonde April, p. 78.
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Photo : « Mon regard est net comme un tournesol, 2011 : Rayon, 2000 », Raymonde April, p. 81.
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Photo : « Mon regard est net comme un tournesol, 2011 : Jupe bleue, 2000 », Raymonde April, p. 87.
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Photo : « Équivalences, 2010 : Intérieur (Pékin) », Raymonde April, p. 74.
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Photo : « Dix images seules, 2004 : Extrait Cantine », Raymonde April, p. 55.

Cette justification semble amusante alors que beaucoup font maintenant preuve d’une grande générosité dans la création de leurs propres « autofictions » diffusées dans les médias sociaux. Si les images d’April peuvent parfois sembler déconcertantes, des « petits-riens, magnifiés » écrit de fort belle façon Gascon, leur avant-gardisme tient sans doute au fait d’être apparues à un moment où la Toile en était encore à ses premiers balbutiements.