Voir Mumbai

Vu : l’exposition Des pièces à ne pas manquer : Bijoy Jain, Umberto Riva présentée jusqu’au 20 avril 2015 au CCA; et lu : la monographie Mumbai Studio: Praxis publiée à l’occasion d’une autre exposition, celle-là tenue au Japon en 2012, et qui présente elle aussi le travail de l’architecte indien Bijoy Jain.

L’exposition du CCA permet de découvrir, dans cette Inde en mutation accélérée, quelques-unes des fascinantes sources d’inspiration de Jain (comme ces quartiers de laveurs de vêtements), d’admirer les carnets de croquis à l’encre rouge dans lesquels chaque détail est minutieusement représenté et annoté, de voir et d’écouter la pluie « embrasser » l’élégante et intrigante « Copper House II ».

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Photo : « Dhobi Ghat, Mumbai, India », sans date et sans auteur, Studio Mumbai: Praxis, p. 033.
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Photo tirée de la vidéo « Copper House II, Chondi, India – July 2012 », Daniele Marucci et Enrico Cano, source.

Quant au livre, il permet de savourer tout cela à nouveau plus tranquillement, en plus d’y lire des entrevues réalisées avec plusieurs artisans (charpentier, maçon, ferblantier) faisant partie intégrante de l’équipe de Jain. Et c’est là que réside une grande partie de l’originalité du travail de ce dernier: au lieu que les architectes se limitent à concevoir le projet en vase clos, ils le dessinent avec les ouvriers, en multipliant les maquettes à l’échelle 1:1 dans la cour de l’atelier. Puis, une fois arrivés au résultat recherché, ils construisent ensemble le véritable bâtiment sur son site.

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    Croquis : « Design and detail development, sketches made by carpenters », sans date et sans auteur, Studio Mumbai: Praxis, page 116.
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    Photo : « Teakwood stair », sans date et sans auteur, Studio Mumbai: Praxis, page 112.

Une telle méthode n’est probablement possible qu’en raison du coût peu élevé de la main-d’œuvre à Mumbai. N’empêche que toutes les fois où j’ai eu la chance de travailler ici directement sur le terrain avec des artisans, le résultat s’est avéré plus riche, mieux adapté à la situation et d’une qualité de réalisation inégalée. En fait, cet échange est tellement stimulant que je rêve souvent d’avoir pu suivre la même formation pour pouvoir encore mieux dialoguer avec eux. Mais aussi, comme le dit si bien Jain, parce que « the moment you think you know everything, there is a problem ».