Lune

Commencé à lire : Plaidoyer pour l’arbre de Francis Hallé, publié chez Actes Sud en 2005.

J’avais entendu cette histoire sous différentes formes, toujours incomplète et avec, immédiatement, son lot de détracteurs. Et voilà que Hallé, par le biais des travaux du chercheur suisse Ernst Zürcher, y revient de manière éclairante.

Pour obtenir le bois le plus dur, le plus dense et le plus résistant à la pourriture et aux insectes, qui convient bien donc aux charpentes, aux bardeaux de toit, ainsi qu’aux meubles et aux instruments de musique, l’idéal est d’abattre l’arbre en hiver (au moment où il est le moins hydraté) et lorsque la Lune est décroissante, voire dans son dernier quartier, une fois la sève relâchée ou redescendue vers les racines. D’ailleurs, d’après l’auteur, « l’industrie du sciage propose encore [en Autriche ou dans l’Oberland suisse] du « bois de la Lune » réservé à la construction de chalets de montagne traditionnels afin qu’ils durent longtemps » (p. 141).

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Photo : « Woodlands, 1940s », Juan Rulfo, tirée de « 100 Photographs by Juan Rulfo » publié en 2013 chez Verlag, p. 122.

Ce savoir-poésie lunaire, qui en plus de ménager la forêt et les efforts des bûcherons, était sans doute encore bien connu ici à la fin du 19e siècle, si l’on se fie à la durabilité exceptionnelle des parements et des fenêtres en bois qui nous sont parvenus.

Dommage que l’on ne puisse en dire autant des madriers coupés n’importe quand et qui reposent aujourd’hui dans l’ombre des entrepôts des grands distributeurs. Pauvres arbres et pauvres nous !