Basse vitesse

Redécouvert : le photographe québécois Bertrand Carrière.

En 1997, j’étais tombé par hasard sur un recueil de ses photos intitulé : Voyage à domicile, publié aux 400 coups. Cet ouvrage offrait un portrait intime et touchant du photographe, de sa muse et de leurs jeunes enfants.

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Photo : série Voyage à domicile, 1997, Bertrand Carrière, source.

Puis voilà qu’il réapparait sur la toile, avec des images continuant de montrer avec énormément de sensibilité la vie ici, ces paysages que l’on connait bien, mais qu’il est toujours agréable de redécouvrir à travers un autre œil.

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Photo : série Ground Level, 2009, Bertrand Carrière, source.
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Photo : série Le capteur 1, 2006 à 2010, Bertrand Carrière, source.

En même temps, quelle surprise de constater que le jeune père peut-être un peu frondeur ou insouciant semble avoir cédé la place à un homme plus fatigué ou possiblement éprouvé. Cela m’a attristé, alors que l’œuvre demeure toujours aussi pertinente et inspirante.

Sur une note plus joyeuse, la journaliste Dominique Browning raconte, dans son article « Through a Lens Sharply » paru récemment dans le New York Times, comment elle a redécouvert le monde, une première fois à douze ans, lorsque sa mère a finalement accepté qu’elle porte des lunettes puis, une deuxième fois, le jour où elle a commencé à prendre ses propres clichés. Browning y décrit également très bien comment, grâce à l’appareil photo, elle ne se déplace plus à la même vitesse dans les endroits qu’elle visite et que, ce faisant, elle y découvre de magnifiques détails.

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Photo : Olson House in Cushing, Maine, Dominique Browning, source.

Chacun à sa manière, les regards « lents » de Carrière et Browning invitent à rester attentifs aux nuances subtiles qui font toute la différence, à sortir des guides officiels pour « voyager » partout et tout le temps.